Le 19 février 2024, j’ai fait une intervention à la radio pour l’émission du matin à BLVD Québec. C’était pour parler de l’intimidation. Une des questions était : ” Est-ce vrai que les écoles font des actions insuffisantes pour contrer le phénomène de l’intimidation? ” Comme ils étaient en retard, la question n’a pas été posée en son intégralité. J’y ai beaucoup réfléchi. Je vous mets la réponse que je voulais dire.
Il est vrai que cette perception persiste parfois que ces mesures peuvent être insuffisantes. Cette situation découle de plusieurs défis, comme le besoin de formation plus approfondie pour notre personnel éducatif, les ressources qui peuvent être limitées, et la complexité inhérente à la surveillance et à l’intervention efficace contre l’intimidation, surtout en ligne. Bien connaître la différence entre conflit et intimidation. La perception de l’intimidation est tellement sujette à interprétation… et c’est là le dilemme.
Il arrive que des situations d’intimidation soient perçues comme un conflit. Il faut monter un dossier clinique. Il faut de la formation et du temps pour régler l’intimidation. Les éducateurs spécialisés sont appelés constamment. Ils ont de la difficulté à trouver ce temps. Le personnel scolaire intervient, mais se trouve souvent confronté à des parents qui collaborent peu. Ça ne devrait pas être un affrontement. Tout ce qu’on veut, c’est travailler ensemble et non les convaincre que leur enfant est impliqué.
Le milieu scolaire s’y prend mal. Je pense que l’on comprend mal les besoins de la victime et de l’agresseur. C’est souvent un soutien de base et peu adapté pour la victime, et uniquement du punitif pour le fautif. L’intimidateur a autant besoin d’aide que la victime. Les témoins sont souvent oubliés. Chacun a besoin d’aide. Comme société, on croit que le fautif doit payer pour celui qui souffre. La punition ne favorise pas le changement de comportement, mais ressemble à une réaction et non à donner de l’aide et du support. Ça reste en surface. Ces enfants ont besoin qu’on les aide dans leur douleur. On doit les accompagner, pas juste une mini rencontre et un appel aux parents. Ce n’est pas uniquement le milieu scolaire qui doit agir, mais collectivement. Je me demande si le plan de lutte élaboré par l’école est réalisable et appliqué suffisamment. J’ai rarement vu un intervenant aller consulter le plan de lutte de son école pour savoir l’intervention à faire. J’espère de tout coeur que je me trompe. Ce plan est essentiel afin de mettre un cadre sur l’intervention. Pour pouvoir intervenir, il est nécessaire que l’enfant signale. Beaucoup d’élèves ont peur de signaler.
De plus, le modèle de l’intimidation a changé. Avant, l’enfant avait une pause à la maison. Aujourd’hui, ça peut se poursuivre sur les réseaux sociaux. Ce changement de paradigme souligne l’urgence de repenser nos approches. La cyberintimidation efface les frontières entre l’école et la maison, permettant à l’intimidation de devenir omniprésente dans la vie des enfants. C’est une zone grise pour l’équipe-école. Qu’est-ce qui appartient à l’école dans l’intervention? C’est en fait, un processus de partenariat entre l’école, la maison, la police et le fournisseur de services au besoin. Il est nécessaire que les parents soient sensibilisés au fait que ce n’est pas juste l’école qui doit intervenir. Ça ne devrait JAMAIS être une histoire de combat entre l’école et la maison.
En fin de compte, la lutte contre l’intimidation, qu’elle se manifeste en ligne ou hors ligne, exige une collaboration étroite et une responsabilité partagée entre toutes les parties concernées. Il est impératif que les écoles, les parents, les autorités et les fournisseurs de services travaillent ensemble pour créer un environnement sécuritaire et bienveillant où chaque enfant se sente soutenu et protégé. En reconnaissant l’ampleur du problème et en s’engageant collectivement à agir, nous pouvons espérer construire un avenir où l’intimidation n’a plus sa place, ni à l’école ni ailleurs.
Face aux changements continus dans le paysage de l’intimidation, notamment avec l’essor de la cyberintimidation, quelles actions concrètes pouvons-nous, en tant que communauté, entreprendre pour renforcer notre soutien aux victimes tout en œuvrant à la réhabilitation des intimidateurs, assurant ainsi un environnement sécuritaire et bienveillant pour tous nos enfants ? Écris en commentaire (sous l’article).
J’ai hâte de te lire.