Septembre : pourquoi le sentiment d’appartenance est la clé d’un bon départ à l’école
Chaque rentrée, je suis frappée par la même chose : le mois de septembre est bien plus qu’un moment de reprise académique. C’est un temps charnière où se joue une part importante du climat scolaire de toute l’année. Les routines se mettent en place, les élèves testent les limites, et les relations commencent à se tisser. Dans ce contexte, le sentiment d’appartenance devient un ingrédient essentiel. Mais qu’entend-on exactement par sentiment d’appartenance?C’est cette impression, profondément ressentie, d’être accepté, reconnu et important au sein d’un groupe. À l’école, cela veut dire : sentir que l’on a une place unique dans la classe, croire que sa présence compte pour les autres, et savoir que l’on peut contribuer sans peur d’être rejeté. Lorsqu’un élève ressent ce sentiment, il est plus calme, plus motivé, plus ouvert aux apprentissages. Et surtout, il développe le goût de contribuer positivement à la vie du groupe. À l’inverse, un élève qui se sent exclu ou invisible risque de se replier, de défier les règles ou de multiplier les comportements dérangeants. Et c’est un travail qui commence dès le premier jour. On le nourrit tout au long de l’année, mais il mérite une attention redoublée en septembre, parce que les premières expériences teintent tout ce qui suit. Et vous, comment accueillez-vous vos élèves le tout premier jour pour qu’ils sentent qu’ils ont déjà une place? Pourquoi c’est si important en début d’année? Les premières impressions comptent. Les élèves observent l’ambiance, les règles implicites et la posture de l’adulte. Un accueil fort le premier jour envoie le message : « Ici, tu as ta place. ». Quels messages implicites vos élèves reçoivent-ils en entrant dans votre classe ou votre milieu? Les comportements se régulent mieux. Lorsqu’un élève se sent respecté et intégré, il n’a plus besoin de chercher l’attention par des moyens négatifs. Avez-vous déjà remarqué comment certains comportements s’apaisent dès que l’enfant sent qu’il est reconnu? Les relations sociales se construisent.Les amitiés, les liens entre pairs et la relation avec l’adulte prennent racine très vite. Ensuite, on entretient ces liens par des rituels tout au long de l’année. Quels rituels ou activités collectives pourriez-vous mettre en place pour nourrir ces liens? La réussite scolaire passe aussi par l’émotionnel.Un élève qui se sent appartenir à son école réussit mieux, persévère davantage et développe plus de confiance en lui. Septembre amorce l’élan, puis on maintient le cap mois après mois. Des pistes concrètes pour septembre… et après Accueil par le prénom + contact visuel.Chaque élève cherche inconsciemment une preuve qu’il compte pour l’adulte. Nommer un élève par son prénom, établir un vrai contact visuel et même ajouter un petit mot personnalisé (« Je suis contente que tu sois là ») apporte une certaine sécurité. L’appeler par son prénom est une reconnaissance d’identité; le regard sincère envoie le message « tu existes pour moi, tu comptes ». Quand vous dites le prénom d’un élève, que voulez-vous qu’il ressente? Rituels de groupe hebdomadaires (cercle de partage, météo des émotions, célébration des réussites).Les rituels sont de petits ancrages qui créent une stabilité dans la semaine. Un cercle de parole du lundi matin permet aux élèves de partager comment ils arrivent; une “météo des émotions” aide chacun à exprimer son état intérieur; une célébration du vendredi valorise les réussites petites ou grandes. Ces rituels, amorcés en septembre, deviennent des rendez-vous attendus toute l’année et renforcent le sentiment d’être ensemble dans une même aventure. Coopération > compétition : projets en équipe, jeux collaboratifs, responsabilités partagées.Les élèves apprennent à mieux se connaître en travaillant avec plutôt que contre les autres. Par exemple : créer une fresque collective, résoudre une énigme en équipe ou encore partager des rôles dans une activité. La coopération réduit la rivalité et augmente les occasions de se soutenir mutuellement. Elle installe un climat où la réussite est collective, pas individuelle. Quelle activité pourriez-vous transformer en défi collectif plutôt qu’en compétition? Pont école–famille dès la rentrée : mot personnalisé, rencontre conviviale, canaux de communication clairs.Le lien école-famille est essentiel pour consolider l’appartenance. Un mot de bienvenue glissé dans le sac, une rencontre conviviale dès la première semaine ou encore un outil de communication clair (courriel, agenda, plateforme) permettent aux parents de sentir qu’ils sont inclus. Cette alliance apaise l’élève, car il voit que ses deux mondes — maison et école — collaborent. Quelle petite action simple pourriez-vous poser pour impliquer davantage les familles cette année? Valorisation des forces de chacun : affichage de réussites, “mur des talents”, tâches de contribution.Chaque élève a besoin de sentir qu’il apporte quelque chose d’unique au groupe. On peut afficher un “mur des talents” où chaque élève partage une force (dessiner, écouter, raconter des blagues, aider les autres), confier des responsabilités variées (distribuer le matériel, accueillir les nouveaux, organiser la bibliothèque), ou encore souligner une réussite personnelle, même petite. Ces gestes renforcent la confiance en soi et consolident l’idée que chacun a une place précieuse. Et vous, comment pourriez-vous montrer à vos élèves qu’ils ont tous quelque chose d’important à offrir au groupe? Pour aller plus loin… Ces pistes ne sont qu’un point de départ. Dans un prochain article, j’aimerais approfondir : Comment instaurer la confiance dès le jour 1 avec des élèves anxieux ou opposants; Des routines d’éducation émotionnelle faciles à maintenir sur l’année; Le rôle des pairs/mentorat pour solidifier l’appartenance au fil des mois. Parce qu’au fond, développer le sentiment d’appartenance dès le premier jour, le cultiver toute l’année, et l’intensifier en septembre, ce n’est pas un luxe : c’est poser la première pierre d’une année où comportements, apprentissages et relations s’épanouissent naturellement. Et vous, quelle est la première action que vous allez poser pour nourrir l’appartenance dès aujourd’hui?