Bonjour, je suis un homme de 20 ans. Je suis autiste, anxieux et gay.
Février 2002 : Je suis née, les docteurs m’ont assigné à la naissance le genre féminin. Mes parents m’ont appelé [DEADNAME+ nom de famille de ma mère + nom de famille de mon père]
Je suis le plus jeune de trois enfants. Deux grandes sœurs avec plusieurs diagnostics : SGT/ TPL ET ECT. Et il y avait moi… moi… l’enfant trop sage qui performait à l’école. Cependant, j’étais l’enfant qui était catégorisé de rejet, bizarre, weird, de boutch…etc.
Mon enfance
J’ai grandi dans une maison à Laval. J’ai toujours été très masculin. Dès que j’étais assez grande pour choisir mon linge, mon linge était composé de chandail de « Flash McQueen » , de motif d’armé et de choses dites « masculines ». Je détestais les poupées et les Barbies. Je détestais la couleur rose. Je jouais avec mes autos, mon tapis d’auto, mon tricycle bleu, mes Playmobil et mes Lego. J’avais une coupe de cheveux très courte (qui laissait à désirer). J’étais moi-même et ma mère m’acceptait comme j’étais. J’étais très différente de mes autres sœurs, mais ma mère m’a toujours aimé également et ne m’a jamais mise de côté.
Je suis rentré au primaire en 2007. J’ai déménager dans la ville de St-Constant, sur la rive sud de Montréal. J’habitais dans une belle maison avec mes sœurs, ma mère, mon père et ma mamie. Ma mamie a toujours été très présente dans notre vie. Mes parents ont fini par se séparer. Étant jeune, je ne comprenais pas pourquoi, donc je pleurais et mangeais ou faisait les deux simultanément. Je suis devenue le « petite grosse » de l’école primaire. Je détestais me regarder dans le miroir. Je me détestais déjà à cet âge. Je trouvais le réconfort dans la nourriture et donc, je suis devenue une enfant dite « obèse ». J’étais la baleine pour une de mes sœurs. J’avais deux amies à St-Constant, mais j’ai dû déménager. Ma troisième année du primaire fut horrible, j’ai passé mes récréations à pleurer en regardant l’épicerie ou une de mes sœurs travaillait. Je vous passe le chapitre de l’intimidation constante durant cette année-là. A ce moment-là, je savais que j’étais différente des autres enfants, mais je n’ai pas plus élaboré. Doute manière, je ne me serais jamais affirmé étant donné qu’une personne très proche de moi avait une mentalité assez conservatrice.
Mon père n’habitait plus avec nous. Je le voyais obligatoirement une fin de semaine sur deux. J’ai donc fini mon primaire dans ma nouvelle ville. Vers la fin de mon primaire, je m’acceptais un peu plus et je m’habillais comme je le voulais. J’étais un peu plus moi-même. Je me faisais souvent « missgender », mais en vrai j’adorait quand les gens me prenaient pour un petit gars. C’était arrivé une fois au restaurant avec mon père. Mon père avait repris le serveur pour mon plus grand malheur. J’aurais voulu me cacher.
En 6 année, ma sœur a tenté de se tuer. Ça m’a rentré dedans. J’étais allée voir une intervenante qui me suivait déjà. J’ai toujours été suivie par des intervenants du loin que je puisse me souvenir. Elle m’avait énormément aidé et j’en suis encore reconnaissant à ce jour.
Quelques évènements marquants de mon enfance : Séparation de mes parents, Déménagement x2 , Intimidation, Tentative de suicide d’une de mes sœurs
Ma puberté de fille...
Horrible. Dégueulasse. Ignoble. Sale. Non. Dégoutant. Bref, il n’existe pas assez de mots pour décrire la puberté de fille. Je ne voulais pas grandir. Je voulais rester une enfant innocente. Je ne voulais pas de seins. Je ne voulais pas de menstruations. Je ne voulais pas avoir l’air d’une fille, mais le dire à ce moment-là aurait été impossible pour moi. Je ne voulais pas grandir et développer un corps féminin. J’ai détesté (et le mot n’est pas assez puissant) avoir ses menstruations parce que ça ne faisait pas de sens pour moi. Néanmoins, je n’ai pas eu le choix d’apprendre à vivre avec mon corps féminin.
Quelques évènements marquants : Déménagement, début de la dégradation de ma relation avec mon paternel, 2ème tentative d’une de mes sœurs, nouveau petit ami dans la vie de maman…etc.
Le secondaire
Le secondaire. Horrible. Les gens sont méchants au secondaire. J’ai fait mon secondaire 1-2-3 dans une petite école de quartier. J’étais (je le suis encore) une personne très renfermée sur elle-même, qui n’aime pas parler de soi, de sa vie et de ses intérêts, n’aimant pas les foules, qui n’aimait pas les bruits forts et les contacts avec autrui. Quand les gens du secondaire commencent à avoir des partenaires…moi non. Je le voyais qu’il y avait un ÉNORME écart entre moi et les gens au niveau communicationnelle, relationnelle, amical, amoureux et sur le plan de l’autonomie. J’avais aussi plein de comportements bizarres que je ne pouvais pas m’empêcher de faire comme si c’était un moyen de m’autoréguler. J’ai eu mon diplôme en juin 2019.
Quelques évènements marquants : Déménagement x2, pleins de changements de partenaires du coté de mon paternel, début de la dégradation de ma santé mentale, zéro confiance en moi, zéro estime de moi, vulnérable, influençable et facilement manipulable.
Le Cégep
Déjà, la marche entre le secondaire et l’université… c’est énorme ! Je suis entrée en éducation spécialisée, j’étais tellement contente ! J’allais pouvoir aider les gens et faire ce que j’aime faire le restant de ma vie : AIDER LES AUTRES. Parcours assez compliqué pour moi… Je performais dans mes cours de techniques et dans les cours de base, mais encore-la c’étais pas vraiment l’école le problème.
Mars 2020 : Diagnostic d’autisme de haut niveau de fonctionnement en société. (NIVEAU 1 : Comportements stéréotypés / NIVEAU 2 : Habiletés sociales)
Je tombe de haut. Je sais, ENFIN, pourquoi j’étais comme ça… tout ce temps.
Mars 2020 : Pandémie de la covid. Je subis une énorme régression.
Septembre 2020 : Diagnostic de dépression. Médicaments et demande faite au CLSC.
Octobre 2020 : Je subis une agression sexuelle et un viol.
Je l’avais dit à une seule et unique personne : ma fréquentation du moment. J’ai perdu ma fréquentation qui aurait pu être l’homme de ma vie. (Max QC) Pour moi, je l’ai trompé.
Février 2021 à juillet 2021 : Départ du nid familial vers la vie en appartement en colocation. Pire idée de ma vie. Je tente pleins de nouvelles expériences, drogues, alcool et sexe. Les trois mélangés ensemble. J’avais aucun respect pour moi, ma colocataire et les autres. Vers le mois de juin a cette période, j’avais rencontré un homme se nommant W. Il aurait pu lui aussi être quelque chose dans ma vie, mais j’ai coupé tous les ponts quand j’ai compris qu’il était plus brisé que moi. La dernière phrase que ma colocataire m’a dite, était la suivante :
« Sois tu changes ton comportement, sois-tu pack ton stuff et tu t’en vas »
J’ai pris mes choses et je suis partie la soirée même. Première fois de ma vie ou je me suis affirmée.
Septembre 2021 à décembre 2021: Toujours en dépression. Manque d’argent flagrant. Mutilation. Idées suicidaires. Plan…
Octobre 2021 : J’ai subi des attouchements sexuels.
Novembre 2021 : Hospitalisation d’une semaine à l’urgence psychiatrique. Conclusion : Je n’étais pas un cas assez lourd pour qu’il me garde dans l’aile psychiatrique. Je ressors avec d’autres médicaments et ENCORE une fois un papier pour aller voir le CLSC.
Je retourne chez moi un dimanche soir, je rentre à la maison sous les arbres le mercredi matin. La maison sous les arbres m’a aidé parce que j’avais le temps d’analyser toute ma vie. J’avais du temps. Je suis repartie de la maison sous les arbres le vendredi matin.
24 novembre 2021 : ANNONCE DE MON COMING OUT OFFICIEL à la société. Je suis Kaël, un homme gay de 20 ans.
Origine de mon prénom :
J’aimais beaucoup le nom Mikael, mais ma mère ne l’aimait pas beaucoup. J’ai fait un stage en garderie dans une classe 18 mois a 2 ans et demi. Je m’occupais plus spécifiquement de deux cocos à besoin particulier plus spécifiquement dans le groupe. Mais, dans le groupe, il y avait un petit garçon qui venait d’avoir son 18 mois. Physiquement, il était petit, yeux bruns et blond. Cet enfant-là m’a marqué autant parce que malgré qui soit le petit nouveau, qui soit petit physiquement et qu’il ne sache pas encore parler oralement encore, il ne se laissait pas marcher ses pieds. Bon je vais être honnête avec vous, il avait zéro des comportements aptes pour s’exprimer, (Mordre, frapper, tirer les cheveux, pousser) mais il avait le cœur de s’exprimer. Lui, a son âge il avait zéro conscience de l’effet qu’il a eu sur moi.
Avant mon coming-out, je ne m’exprimais pas mes besoins, mes craintes, mes peurs, je me laissais marcher sur les pieds, je me faisais influencer en le sachant très bien.
Après mon coming-out : C’est sûr que je m’améliore de mieux en mieux à chaque jour, mais je vous dirais que ça fait vraiment du bien d’être soi-même. Ce n’est pas tout à fait encore au point, mais je m’exprime mieux, je me laisse pu marcher ses pieds et surtout les avis des gens, ils peuvent se les garder pour eux.
Kaël, enfant de 18 mois : Merci !
Maintenant, je suis en couple, j’ai une petite famille qui m’accepte comme je suis, mais je suis surtout moi-même. Et moi, je veux changer les choses au Québec, j’ai plusieurs projets.
Sur ce, merci de m’avoir lu et encore merci Marie-Claude de me laisser écrire ici ! Je t’aime fort toi, Gab et Steph !
Voici mes contacts professionnels :
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– Kaël